Victor de Cessole, Photographie dans les Alpes.
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  Peïra-Cava
20-febbraio-09
N° de la plaque : 3794
A propos de cette image : "En lui-même, Peira-Cava n'a rien d'imposant ; ses maisons sont clairsemées et de chétive apparence. C'est un village ou plutôt un hameau à l'état rudimentaire, qui ressemble plus à un camp qu'à une bourgade. Une caserne et ses annexes, des cantines occupées par un détachement de chasseurs alpins, en sont le plus bel ornement. On y remarque des poteaux alignés de distance en distance et surmontés d'écriteaux, portant défense de pénétrer sur le terrain militaire. Au-delà des habitations se trouve une construction presque élégante qu'on est surpris de voir là, abritée par une forêt d'arbres verts. C'est l'Hôtel Bellevue dont le tenancier, le légendaire maître Faraut, va nous faire les honneurs ; car nous sommes arrivés au terme du voyage et c'est là que nous devons passer la nuit.
L'impression première fut singulièrement caractéristique, tant le spectacle que nous avions sous les yeux pouvait nous sembler extraordinaire. Au seuil de la demeure hospitalière se trouvait un amoncellement d'au moins deux mètres de neige étalée de chaque côté de l'entrée, tandis qu'aux alentours la contrée entière nous apparut ensevelie sous un blanc linceul ! C'était en vérité à n'y pas croire, et cela dépassait nos espérances !
Ayant mis moins de trois heures pour venir depuis Lucéram, malgré la neige, nous étions grandement en avance sur le break, qui ne devait pas arriver avant une heure. Ceci nous créa des instants de loisir, dont chacun profita à son gré.
Si le panorama qu'on embrasse des hauteurs de Peira-Cava est en toute saison digne de fixer l'attention, il m'apparut ce jour-là sous un aspect particulièrement captivant. Il n'était cependant remarquable ni par la hardiesse des premiers plans, ni par l'ampleur des plans intermédiaires, ni par la fuite des lignes d'horizon.
La vue, bornée d'un côté par la pente boisée de la montagne, s'étend de l'autre, vers Utelle sur la vallée supérieure de la Vésubie et va se perdre au loin sur un immense rideau de crêtes argentées, qui se découpent dans le ciel en festons irréguliers.
C'est ainsi que l'on voit surgir devant soi les principales cimes de la grande chaîne des Alpes maritimes et notamment celle des hautes vallées de la Gordolasque, de Fenestre et du Boréon.
Mais ce qui donnait une grande valeur au paysage, ce qui à mes yeux en rehaussait singulièrement le charme, c'était l'épais manteau de neige répandu partout aux alentours, faisant une riche opposition avec la sombre verdure des pins, les fonds délicatement vaporeux de la vallée et l'air transparent des cieux. Une lumière vive, étincelante, faisait tout briller, tout resplendir d'un éclat merveilleux ! Entre cette lumière et cette neige, c'était un assaut prodigieux d'intensité de clarté, confinant à l'apothéose ! Longtemps j'admirai cette vue surprenante, me donnant l'illusion des grandes altitudes, me rappelant à certains égards le panorama classique du Gornergrat sur la vallée de Zermatt.

Emile Daullia, " A Peira-Cava, course d'hiver ", Club Alpin Français, Bulletin de la section des Alpes-Maritimes, 1899, p. 26-28." - it
 
    
    
 
          
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