Victor de Cessole, Photographie dans les Alpes.
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  Charnier di Bouzieyas
27 febbraio 1897
N° de la plaque : 371
A propos de cette image : "Un charnier

En descendant des Fourches et un peu avant d'entrer dans le village, on trouve près du sentier le fameux charnier qui a fait, l'année dernière, l'objet d'un rapport à la Société d'Anthropologie de Paris. Il domine le hameau d'une centaine de mètres environ et occupe sur un petit mamelon l'emplacement de l'ancienne église, qui, en 1852, a été bâtie dans le village même. La superficie de l'ancienne église a été réduite de la moitié, et le local du charnier, d'une surface de quatorze mètres carrés environ, présente la forme d'une enceinte rectangulaire entourée de murs, recouverte en bois et surmontée d'une croix. Dans l'intérieur, aucun signe apparent indiquant un lieu de sépulture, à part une ouverture scellée d'une pierre et juste assez large pour laisser passer les cadavres.
Telle est la tombe commune qui a servi jusqu'à présent aux inhumations des habitants de Bousiejas. Les morts, cousus dans un linceul, étaient accumulés dans cette espèce de citerne, qui, construite en maçonnerie, ne devait guère avoir plus de trois mètres de profondeur.
Beaucoup de journaux se sont récemment occupés de ce charnier; au nom de l'hygiène, de la décence et du respect, ils ont protesté avec raison contre son existence, qui rappelle effectivement des temps bien primitifs. On a dit que ce local, étant en pleine exposition sud, laissait dégager des émanations putrides portant une grave atteinte à la santé des habitants et qu'une fontaine s'écoulant près du village naissait au-dessous du charnier ; que ses eaux étaient par ce fait contaminées et que les personnes se servant de cette eau suspecte étaient sujettes à des attaques de cholérine.
Ces critiques sont naturellement fondées, mais elles doivent être singulièrement atténuées par suite de la situation faite à ce village. L'usage du charnier s'y est continué jusqu'en 1893, non seulement à cause des coutumes du pays, mais encore et surtout à cause de la température rigoureuse qui sévit dans ces régions en hiver, la gelée durcit tellement la terre que pendant cette saison il est absolument impossible de creuser des fosses. Car il ne faut pas oublier que Bousiejas est la paroisse la plus éloignée et en même temps la plus élevée du diocèse de Nice. C'est la principale raison qui a obligé jusqu'à présent la population à perpétuer cet ancien mode de sépulture.
Mais la question vient d'être heureusement tranchée par l'autorité supérieure; l'on ne pourra plus désormais ensevelir personne dans ce caveau qui a reçu le dernier cadavre le 2 avril dernier, jour de Pâques. Le charnier sera bientôt comblé de terre.

Victor de Cessole, La Vallée de La Tinée, Gauthier, Nice, 1894, p. 43-47." - it
 
    
    
 
          
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