Victor de Cessole, Photographie dans les Alpes.
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  Cabane de Peirastreccia (notre bivouac)
12 juin 1897
N° de la plaque : 463
A propos de cette image : "La cabane de Peirastreccia est située, à 1933 mètres d'altitude, dans un site pittoresque de grande montagne, en vue et au pied de la ligne d'enceinte de la haute vallée du Boréon. Nous arrivions au milieu de cette nature imposante autant que gracieuse, après avoir suivi le cours de la rivière dont les eaux se précipitent çà et là en mugissantes cascades. Ici le regard se porte tour à tour sur l'Agnelliera, le Lombard, les Gaisses, mais surtout sur le Caire de Cougourda dont les impressionnants escarpements font face à ceux du Caire de l'Agnel, coupés dans leur hauteur par un vertigineux couloir de neige. La cime du Caire de l'Agnel, étant vers le Nord plus en retrait que ses voisines, paraît moins dominante, tandis que le Pelago s'élève hardiment au-dessus de nous.
La cabane pastorale de Peirastreccia se trouve sur le passage du sentier du col de la Ruine, au point où s'amorce celui qui par un pont conduit au lac de Tre Colpas et au Pas des Ladres. Elle est donc à portée, à une distance raisonnable des cimes du Haut Boréon. C'est ce qui nous l'a faite choisir comme point ordinaire de départ pendant ces quelques jours. Notre premier soin fut de procéder à notre installation.
La cabane, comme la plupart de celles de nos vallées alpines, est formée de quatre murailles sèches supportant à deux mètres environ du sol les planches qui en manière de toiture empêchent à peine la pluie et le soleil de pénétrer. C'est ce que nos bergers appellent l'Alberc (1) : dans cette demeure, ils se livrent à toutes leurs occupations habituelles.
Du côté du midi, une large ouverture donnant le jour, se trouve entre le mur et le toit. La petite porte n'assure pas la fermeture. Tout autour paraissaient encore les traces anciennes des stations des troupeaux.
Nous organisâmes ainsi notre petit intérieur au fond de la cabane, des bottes de foin et des mottes d'herbes nous assuraient un lit rien moins que moelleux ; à côté, les ustensiles de cuisine, les provisions et les effets d'habillement étaient disposés dans un ordre voulu et autant que possible hors des atteintes des rongeurs qui vivent par bandes dans ces endroits écartés.
Dans cette habitation primitive, nous étions en somme à l'abri, quoique livrés aux quatre vents. Comme dit certaine chanson : "Ça va bien, quand il fait beau." "

(1) Le nom d'Alberc s'applique également, comme à la Ciriegia et aux Cluots (Gordolasque), à la partie de la grange où se trouvent le foyer et un lit en planches. Les alberc, n'ayant pas de cheminées autres que des ouvertures pratiquées dans les murailles, sont toujours fumeux : c'est le seul fait qui rende le séjour aux granges parfois bien désagréable.

Victor de Cessole, Louis Maubert, Dans le Haut Boréon, Gauthier, Nice, 1898, p. 13-14."
 
    
    
 
          
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