Victor de Cessole, Photographie dans les Alpes.
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  Escalade de l’aiguille de Pelens, Jean Plent assure Montaguier au câble
14-juil-12
N° de la plaque : 5028
A propos de cette image : "Les aiguilles de Pélens

Jean et Hippolyte eurent bientôt sauté sur la brèche. Tous deux se mirent à attaquer résolument la paroi avec les précautions nécessaires. Prenant un peu à droite quelques reliefs rocheux qui se superposent en diagonale, ils gagnèrent ainsi 4 ou 5 m. au dessus du niveau de la brèche après s'en être écartés de plus de 10 m. ; une escalade de 3 ou 4 m. leur permit d'atteindre une saillie en pente, placée dans une encoignure de rocher.
Là commençait la grande difficulté : la muraille devenait inattaquable par ses surplombs. Tout à côté, à droite, quelques aspérités très minces, à peine sensibles, leur permirent pourtant de s'élever encore d'environ 1 m. 50. Au-dessus, plus rien, pas une saillie où accrocher les mains.
Comment arriver à franchir ce fameux encorbellement, dont nous ne nous étions certes pas exagéré la difficulté ? Cela paraissait irréalisable, car les deux guides, placés sur une étroite banquette dominant l'abîme, avaient déjà de la peine à garder l'équilibre.
Fermement décidés à triompher, ils s'apprêtent, sans nous consulter, à recourir à une manœuvre extrêmement osée. Hippolyte se fixe de son mieux sur le bord même de la saillie du creux, sans avoir la ressource de pouvoir s'appuyer des mains contre le mur à cause du surplombement sous lequel il est. Avec une rapidité de mouvement que nos vives protestations ne réussissent pas à enrayer, Jean s'élève de 50 centimètres à la droite d'Hippolyte et posant son pied gauche sur l'épaule droite de son compagnon, il parvient à atteindre avec la main gauche un ressaut, très à gauche sur la bosse surplombante. Puis, se hissant entièrement sur l'épaule d'Hippolyte, il lui faut exécuter un changement de pied; cette effrayante manœuvre accomplie, il se dresse presque à la force des poignets au-dessus de la bosse. Tout cela dure bien moins de temps qu'il n'en faut pour le raconter.
Brossé et moi étions étreints par l'émotion, et, sans mot dire, nous dûmes assister impuissants à cette scène palpitante, dans laquelle deux hommes s'étaient aussi dangereusement exposés.

Victor de Cessole, Les aiguilles de Pélens, premières ascensions, Crété, Corbeil, 1907, p. 35-36."
 
    
    
 
          
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