Victor de Cessole, Photographie dans les Alpes.
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  Arête Nord-Ouest de la cime de Fremamorta (2 731 m)
29 mai 1901
N° de la plaque : 2251
A propos de cette image : "Cime de Fremamorta (2731 mètres)

La cime de Fremamorta marque un point intermédiaire entre la Tête Inférieure des Bresses et la cime de Pagari (2676 mètres.), sur la ligne de partage des eaux des Alpes Maritimes, qui au delà de cette dernière pointe rejoint la cime Balme de Ghilié (3010 mètres.), par la cime de Naucetas (2707 mètres.), la cime de la Leccia (2672 mètres.) et la cime du Mercantour (2775 mètres.), en fermant au Sud le haut vallon de la Vallette. Ainsi que nous avons pu nous en rendre compte au cours de notre longue halte à la cime de Fremamorta, on domine admirablement toutes ces parties abruptes de la chaîne, et notamment le Giegn, le Claus, les Tètes de Tablasses et des Bresses, le Matto et l'Argentera.
Voulant changer de direction à la descente, nous arrivons, en moins de sept minutes vers le Sud-Est, au col de Fremamorta (2648 mètres), qui se trouvait encore ce jour-là comblé d'une épaisseur de 2m 50 de neige. Ce passage est, entre le col de Fenestre et le col de la Lombarde, le plus facile à traverser pour se rendre en Piémont, des vallées de la Vésubie ou de la Tinée.
Un large sentier se dessine sur le versant Nord pour arriver sur les terrasses où s'échelonnent en chapelet les lacs de Fremamorta. Sur les bords du premier, la route se bifurque : d'une part elle descend en lacets dans la vallée de la Vallette, et, rencontrant celle des cols de la Ciriegia et du Mercantour, amène aux Thermes de Valdieri; et, de l'autre, elle longe la série des lacs de Fremamorta et, après le collet du Valasco (2365 mètres), conduit à l'origine de la vallée du Préfouns, puis à la maison de chasse du Valasco.
La route du col de Fremamorta est fréquemment suivie en été par les gens de Molières et de Saint-Martin-Vésubie.
L'ascension de la Cime de Fremamorta mérite d'être conseillée pour la facilité avec laquelle on peut accéder à ce sommet du col même. Pour mon compte, je rapportai le meilleur souvenir de cette course, et je gagnai ensuite le col de Salèses en moins d'une heure et Saint-Martin en deux heures.
Le nom de Fremamorta a évoqué plus d'une fois dans l'esprit des touristes des idées étranges : l'on s'est demandé quel lugubre drame avait pu se dérouler un jour dans la région de Fremamorta, pour que cette triste dénomination lui soit restée. Nul n'a conservé la tradition de la mystérieuse histoire de la " Femme Morte ". Peut-être bien sommes-nous en présence d'une légende entièrement créée par l'imagination des anciens habitants, et remontant au bon vieux temps où les malignes sorcières et les esprits lutins venaient danser le sabbat sur les hauteurs de Saint-Martin. Mais, depuis que les alpinistes ont chassé des monts les génies malfaisants, il n'y a plus à envisager l'éventualité des aventures chimériques d'antan. Et la montagne de Fremamorta, dont l'appellation se cache dans une origine secrète, continue à travers les âges à se dévoiler au visiteur avec son arête frangée de neige se découpant sur l'azur du ciel.

Victor de Cessole, Ascensions autour du lac Noir, Renouard, Paris, 1901, p. 44-46."
 
    
    
 
          
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