Victor de Cessole, Photographie dans les Alpes.
 l'exposition le catalogue la biographie  Versioni Italiani
  



 
  Lucéram
25-fév-09
N° de la plaque : 3784
A propos de cette image : "On s'élève par de nombreux lacets, durant l'espace de cinq kilomètres, au bout desquels on arrive enfin en vue de Lucéram. C'est ainsi qu'inopinément se présente au regard du voyageur ce bourg ligurien, pittoresquement adossé à la montagne et dominé par une ceinture de crêtes rocheuses. Un campanile élancé, des vestiges de remparts, une tour crénelée en ruines, émergent du sein des habitations semblables à des forteresses et étagées les unes au-dessus des autres. Des ruelles en arcades, sombres, tortueuses, tracent à l'intérieur du village leur réseau compliqué, tandis que des voies en escalier, à l'italienne, se dérobent ça et là1. Ce pourrait être curieux à visiter en détail, mais ce n'est point l'heure d'aller à la découverte. Midi sonne au fond de toutes les poitrines, en même temps qu'à l'horloge de l'église, alors que notre équipage, parvenu sur une petite plate, s'est arrêté à la porte de l'hôtel de la Méditerranée, où nous devons déjeuner.
L'air vif de la vallée a creusé nos estomacs si profondément ! On entre donc au logis sans plus de façons, et guidé par une charmante enfant, qui nous ouvre la porte de la salle à manger, chacun se met résolument à table. Nous étions attendus, et le couvert est mis. Vite en place, la fourchette à la main, en avant les hors-d'œuvre.
Dire que chacun fait honneur au déjeuner, aiguisé par un bel appétit et assaisonné d'une franche gaieté, n'est que l'expression de la vérité. Littéralement on dévore tout ce qui se présente, à commencer par la gentille et jolie sommelière, mais qu'on se contente de dévorer des yeux !
A Lucéram, il y a un petit vin blanc du pays tout à fait recommandable, bien qu'un peu capiteux, et l'on y récolte des pommes dont la réputation n'est pas surfaite, à en juger par les échantillons que l'on nous sert et que nous dégustons. Les noix elles-mêmes ne sont pas à dédaigner, bien que délectables dans leur coque allongée. Quant aux olives, la récolte principale de la contrée, elles affectent là toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, bleues, vertes, roses, lilas, noires ! Mais, hélas ! elles affectent aussi désagréablement notre palais, tant elles nous paraissent amères ! Une bouteille d'Asti, de derrière les fagots vient faire son apparition au dessert on guise de champagne et nous rappeler le voisinage de l'Italie.

Emile Daullia, " A Peira-Cava, course d'hiver ", Club Alpin Français, Bulletin de la section des Alpes-Maritimes, 1899, p. 20-21.
l. Lucéram, par F. Brun (2e Bulletin de la Section des Alpes Maritimes du Club Alpin Français, 1881, p. 22 à 28)."
 
    
    
 
          
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